Conférence

Les Civic Tech : être un citoyen à l’ère du numérique

En novembre, la Ville d’Annecy poursuit sa série de rencontres autour de la transition numérique avec une conférence sur la citoyenneté à l’heure d’Internet.

Le diagnostic d’une démocratie représentative en crise est largement partagé : perte de confiance, désintérêt ou rejet massif des partis politiques, taux d’abstention records aux élections, sentiment grandissant d’une confiscation du pouvoir par des élites déconnectées de la réalité.

C’est dans ce cadre qu’émergent les « Civic Tech », dont l’état d’esprit de ses défenseurs est ainsi résumé : « Nous sommes des citoyens du 21e siècle, faisant de notre mieux pour interagir avec des institutions du 19e siècle, qui sont basées sur une technologie de l’information du 15e siècle. » (1)

Les Civic Tech ? Abréviation anglophone de « technologies civiques », elles regroupent les divers outils numériques contribuant à la participation active des citoyens et à la transparence des institutions politiques. Frontières géographiques et temporelles abolies, partage de l’information facilité, grâce à Internet elles prétendent revitaliser la démocratie et impliquer le plus grand nombre.

Le mouvement des Civic Tech répond à une envie des individus d’agir à leur niveau : a minima, des individus qui veulent mieux se faire entendre – pas uniquement pendant les campagnes électorales – et au-delà, qui souhaitent se réapproprier la vie publique.

Force est de constater l’essor de nombreux outils numériques variés : plate-forme de consultation et de débat, portail d’échanges entre élus et citoyens, pétition en ligne, comparateur de programmes politiques, budget participatif. Certains d’entre eux affirment renouveler la démocratie représentative, telle que nous la connaissons, d’autres faciliter des formes nouvelles de démocratie, plus directes et participatives.

L’engagement citoyen se retrouve aussi plus largement à travers tous les projets se réclamant de l’intérêt général, comme l’économie du partage (consommation collaborative), le financement participatif ou l’ouverture des données (open data).

Tous ces outils ont en commun la jeunesse et l’enthousiasme de leurs protagonistes – associations, collectifs, start-up – et le désir de renouveler une vie publique considérée vieillissante, alors même que gouvernements et collectivités restent plutôt timorés, mais non inactifs, face à ces opportunités.

Mais ils ont aussi leurs limites : fracture numérique, croyance dans le solutionnisme technologique, difficulté à construire des consensus, incapacité à transformer nombre de projets en actes concrets.

Qui promeuvent et qui utilisent les Civic Tech ? Quelles sont leurs promesses ? Comment doivent-elles être accompagnées pour véritablement garantir un débat démocratique de qualité, ouvert à tous, et une revitalisation de la démocratie sous ses différentes formes ?

Pour explorer ce sujet complexe, Thierry Vedel nous fera l’honneur de sa présence. Enseignant chercheur CNRS au Centre de Recherches Politiques de Sciences Po (CEVIPOF), son expertise porte sur l’évolution de la politique à l’ère du numérique, l’émergence d’une démocratie 2.0 et l’évolution des médias dans un contexte de mondialisation. Il a d’ailleurs contribué à la création d’un réseau international de recherche sur les relations entre démocratie et Internet.

L’évènement est organisé dans le cadre de la Semaine de l’Innovation Publique.

Conférence publique gratuite et ouverte à tous, sans inscription.

Le numérique vous intéresse ? Découvrez les autres thèmes abordés par le cycle de conférences publiques sur la transition numérique 2018-2019 en consultant le programme complet (et mis à jour au besoin) sur le site Internet de la Ville d’Annecy.


(1) Pia Mancini, co-fondatrice de DemocracyOS


Illustration : Pixabay.com / geralt (Creative Commons CC0)