Images du ciel par des astronomes amateurs

Publié par Club ASTRONOMIE SUR LES MONTS, le 5 novembre 2022   930

Lors de leur mission à l’observatoire de Saint Véran à 3000 m d’altitude (voir post précédent ici) les adhérents du club ont pu réaliser de très belles photos de planètes et de nébuleuses. L’absence de pollution lumineuse et l’altitude sont en effet des paramètres favorables pour obtenir de belles images.

Les outils d’acquisition des images – caméras, montures motorisées et pilotées par ordinateur – et les logiciels de traitement des images permettent aujourd’hui à de amateurs chevronnés et bien équipés de faire des photos meilleures que celles des professionnels des années 1990.

Crédit : Maxime Oudoux

Télescope de 500 mm de diamètre sous la coupole, observatoire de Saint Véran à près de 3000 m d'altitude. Fin juillet, le bonnet est indispensable la nuit !

1) Photos planétaires

Les images de planètes paraissent plus faciles car ce sont des objets lumineux (sauf pour Uranus et Neptune). Mais leurs dimensions angulaires, c'est-à-dire l’angle sous lequel on les voit depuis la Terre sont petites et demandent de forts grossissements. La Lune par exemple sous tend un angle de 30 minutes d’arc (1/2 degré) alors que Jupiter, la planète la plus « grosse » vue depuis la Terre ne fait que 40 secondes d’arc soit 45 fois moins que la Lune. L’autre difficulté de la photo planétaire est la turbulence atmosphérique : l’observation visuelle au télescope montre ainsi des planètes en perpétuelle agitation. C’est la raison pour laquelle on ne fait pas de photos des planètes mais des vidéos, avec des temps de pose unitaires les plus courts possibles. Les traitements numériques de ces vidéos consistent ensuite à ne retenir que les zones les plus nettes de ces milliers d’images et à les « empiler ». A l’observatoire de Saint Véran les conditions de turbulence atmosphérique sont bien meilleures qu’en plaine et les télescopes permettent de forts grossissements. Les adhérents du club ont pu ainsi « tirer le portrait » de Jupiter et de Saturne.



Crédit Bruno Bzeznik

Photos obtenues avec le Télescope de 500 mm, focale 5 m. Pour Jupiter la vidéo fait 1 minute pour 5564 images. Seules 30% de ces images (les moins affectées par la turbulence atmosphérique) ont été utilisées pour obtenir le rendu final.

On peut voir sur la première photo de cet article les opérateurs dans la coupole. Ils se sont ensuite rendu compte que leur seule présence contribuait à générer des turbulences près du télescope en raison des courants thermiques ! 

2) Photos du « ciel profond »

En astronomie on désigne par « ciel profond » ou "CP" tout ce qui n’est ni planètes ni étoiles. Ce sont essentiellement des nébuleuses (nuages de gaz ionisés), amas globulaires et galaxies. Contrairement aux planètes ce sont des objets très peu lumineux qui vont nécessiter de très longs temps de pose, de l’ordre de plusieurs heures et par voie de conséquence un suivi extrêmement précis des objets photographiés. Cela est possible en utilisant des montures (le support du télescope) motorisées et « asservies » au mouvement de rotation de la Terre. L’autre grande différence avec les planètes réside dans la taille de ces objets du « CP », en général de l’ordre de plusieurs de dizaines de minutes d’arc. La Galaxie d’Andromède par exemple a une taille double de la pleine Lune. Les instruments choisis sont alors différents, en privilégiant la plus grande ouverture possible, de l’ordre de 4 ou inférieure : la définition de l’ouverture est la même que pour les objectifs photos, c’est la distance focale divisée par le diamètre de l’objectif, typiquement on descend à 2 voire en dessous pour les objectifs photos très lumineux.

A titre d’exemple, deux images ci-dessous, également depuis l’observatoire de Saint Véran, obtenues avec un télescope de type Newton ouvert à 4 et qui montrent ce qu’il est possible de faire avec un équipement d’amateur.

Crédit Bruno Bzeznik

Nébuleuse de l’Aigle avec zoom sur les « Piliers de la Création", bien connus par les magnifiques photos du télescope spatial Hubble. Cette nébuleuse est située à environ 7000 années lumière de la Terre. Le temps de pose est ici de 2H50 et la photo couvre un champ de l’ordre de 1/2 °

 

Une autre image dans la constellation de Céphée :

Crédit Bruno Bzeznik

Nébuleuse de la trompe d’éléphant (incontournable pour des chambériens !). Elle est située dans la constellation de Céphée, à une distance de 3000 années lumière de la Terre. Sa taille est plusieurs fois celle de la pleine Lune et la photo ne concerne donc que le centre de la nébuleuse. Cette image a nécessité Près de 4 heures de pose (47 poses de 5 minutes chacune).

En conclusion, il faut rappeler que ces images ne sont pas visibles à l’oculaire d’un télescope car le temps d’accumulation de la lumière de l’œil humain ne dépasse par 1/10 s, exceptionnellement 1 seconde, ce qui est loin des heures de pose nécessaires à capter les quelques photons émis par ces objets diffus.