Retour sur la conférence "Faîtes sortir les araignées de l'ombre !" du 23/03/2019

Publié par Claire Tantin, le 9 avril 2019   1.1k

Une conférence présentée à la Galerie Eurêka par André Miquet, responsable scientifique du Conservatoire d'Espaces Naturels de Savoie (CEN Savoie).

 

Les araignées sont mal connues, mal aimées et toujours victimes de préjugés. Bien que vivant à proximité de nous, la diversité des araignées est longtemps restée méconnue en Savoie comme ailleurs. Les inventorier permettra de mieux les connaître cependant leur grande variété d’habitats et d’espèces demande la participation de tous.

 

L’objectif de la conférence est de lancer une grande enquête participative permettant de recueillir les témoignages et les photos de toutes les personnes qui le souhaitent. Fin 2017, le nombre d’espèces connues en Savoie était d’environ 550. La taille du corps de la plupart d’entre elles n’atteint pas 3 mm ! S’intéresser aux araignées est assez facile car un certain nombre d’espèces peut être identifié « à vue ».

 

Comment les chercher et les trouver ?

Photographier et/ou observer les araignées nécessitent parfois de les manipuler. Aucune araignée n’est dangereuse en Savoie ! Mais ces petites bêtes sont fragiles, il faut donc les prendre avec précaution.

La difficulté réside plutôt dans le fait qu’elles se cachent et utilisent de nombreuses techniques pour passer inaperçues. Trouver des araignées demande donc de savoir où les chercher et quels sont leurs modes de vie.

 

  • Les araignées qui « se chassent à vue »

Certaines espèces vivent dans les maisons et apprécient le « microclimat » présent dans celles-ci :

 Le pholque est une araignée que l’on trouve dans les maisons et qui fait vibrer sa toile si vite que cela la cache aux yeux de ses prédateurs. Il ne faut pas confondre cette espèce avec le faucheux (appartenant au genre opilion) qui est un arachnide mais pas une araignée : tête, thorax et abdomen sont soudés, contrairement aux araignées au corps en deux parties.

Pholque


 La Tégénaire, totalement inoffensive pour l’Homme, est présente aussi dans nos maisons. C’est, entre autres, elle qui rend les gens arachnophobes ! Elle fabrique une toile de capture avec un tube de retrait qui a l’aspect du feutre et est situé souvent dans une encoignure. C’est elle aussi que l’on retrouve au fond des baignoires : ces pattes munies de trois griffes, qui lui permettent de se déplacer avec agilité sur sa toile en pinçant les fils, glissent sur l’émail.

Tégénaire


 Dans la nature, d’autres araignées sont plus ou moins visibles :

  • certaines araignées nocturnes, qui chassent à vue, sont parfois très lentes dans leurs déplacements.
  • des araignées sauteuses, qui vivent souvent dans les interstices des murs ou les troncs d’arbres.
  • certaines tégénaires, qui vivent sous les écorces.
  • D’autres, comme l’araignée coccinelle, qui vivent dans des terriers. Elles sont particulièrement difficiles à trouver et seuls les mâles sont visibles avec leur abdomen rouge aux points noirs.
  • Certaines araignées prennent la forme des fourmis, on parle alors de mimétisme. Ce camouflage les protège, les fourmis ayant une défense efficace contre les prédateurs.

C’est grâce à leurs toiles de capture que certaines araignées peuvent être découvertes, comme c’est le cas de l’argiope frelon, de l’épeire diadème ou encore de l’épeire des oiseaux, qui malgré son nom, vit à proximité des marais.

 Certaines caractéristiques permettent aussi de distinguer quelques araignées :

-       La plupart des araignées ont des ornementations sur le corps créés par leurs soies.

-       L’araignée-loup, dont il existe une cinquantaine d’espèces en Savoie, chasse en poursuivant sa proie. La ponte est souvent collée à leurs filières et les bébés sont ensuite transportés sur le dos de l’araignée avant la dispersion, première étape de leur vie solitaire.

 

Pour prélever et observer ces araignées, des boites plastiques neuves et lisses suffisent. Quand on laisse une araignée dans une boîte, il faut penser à ajouter une pierre - pour qu’elle puisse se cacher dessous - et de l’eau. Un brumisateur d’eau est utile aussi pour matérialiser les toiles d’araignées. Celles-ci peuvent passer totalement inaperçues s’il n’y a plus la rosée pour nous les faire voir. Celles du genre Lyniphiidae sont de toute petite taille, 95% d’entre elles mesurent moins de de 3 mm !

 

  • Les araignées « qui se chassent » par battage : les araignées arboricoles
Araignée-crabe


Pour chasser les araignées arboricoles, le matériel nécessaire est un parapluie japonais. Pour l’utiliser efficacement, il suffit de taper sur les branches et de récupérer ce qui tombe.

 Les araignées que l’on trouve sont surtout les Thomisidae appelées aussi araignées-crabes et présentes dans les forêts de feuillus.


  • Les araignées « qui se chassent » par fauchage : les araignées qui vivent dans les herbes

Ces araignées sont chassées avec un filet-fauchoir.

 Micrommata virescens

Dans le filet, on peut retrouver  plusieurs espèces d’épeires dont l’épeire des bois, des araignées sauteuses, la Micrommata virescens ainsi que le genre Xysticus, très nombreux mais difficile à reconnaître. L’araignée-crabe qui chasse à l’affut dans les fleurs et change de couleur en fonction du support sur lequel elle se trouve peut aussi se retrouver dans le filet. Ces dernières sont des prédateurs d’abeilles et de papillons.


  • Les araignées de la litière

 Beaucoup d’araignées vivent au sol ou dans la litière. Pour récupérer ces araignées, la technique consiste à creuser un trou dans la litière pour réaliser un piège. Cela permet un inventaire exhaustif des araignées qui vivent dans ce lieu. 

 

 Participez à la connaissance des espèces en photographiant les araignées et en envoyant les clichés à araignees@cen-savoie.org, en mentionnant votre nom, la date d’observation, la commune, le lieu-dit et l’altitude et si possible : la longueur de l’araignée et son habitat. Au jardin, en montagne, dans la maison : gardez l’œil et l’appareil photo ouverts !

Des photos de la face dorsale sont de loin les plus utiles. Parfois la face ventrale suffit et peut être utile, ainsi que les yeux ou les filières.

A partir de cet été, vous pourrez également saisir les données sur https://www.faune-savoie.org/.